Il y a bien longtemps,
vivaient, paraît-il, les sorcières. Bonnes ou mauvaises, peu importait
d'ailleurs ce qu'elles étaient, il leur était prêté le pouvoir de jeter des
sortilèges sur les gens, de connaître l'avenir, de le changer
à leur gré.
Elles ont donné lieu à de nombreux contes d'enfants et, l'exemple ces dernières
années du succès de Harry Potter, illustre que même les adultes conservent en
mémoire cette croyance car…ils ont trouvé leur part de satisfactions à voir
ces films.
Un des autres aspects des sorcières a été moins glorieux, dans les âges
sombres de l'ignorance et du dogmatisme religieux. L'histoire commente de
nombreux faits se rapportant aux sorcières -ou pseudo sorcières, narrant comment
elles ont été condamnées et pour celles pures dans leurs actes et qui ne pouvaient
se renoncer sur leurs dons, mises au bûcher. A l'époque, il suffisait d'indiquer
sur la place publique que telle personne pratiquait la sorcellerie pour qu'elle
soit mise en accusation, torturée, et le " peuple " convié à se réjouir du spectacle.
Il pouvait d'ailleurs en être de même pour l'auteur d'un brûlot.
Les sorcières avaient leurs clients, selon ce que l'on voulait obtenir
ou savoir. Et gare à la sorcière qui se trompait. L'utilisateur avait -raison
perdue- l'accusation facile pour se venger de ne pas avoir obtenu satisfaction
à sa demande. En agissant par la calomnie vengeresse, il trouvait par ce moyen
un apaisement et se perdait, au final lui-même.
Selon l'adage, il a toujours été plus facile d'accuser son chien que soi-même.
Est-ce que les sorcières ont disparu de nos jours ?
Si l'on considère les sorcières dans le sens ancestral, la pratique de rituels
plus ou moins actifs sont toujours d'actualité, dérivant d'initiations plus
ou moins secrètes ou fantaisistes. Mais, au sens figuré qui a trouvé naissance
dans notre contemporanéité, le terme " sorcière " désigne plus familièrement
une personne néfaste et nourrie de mauvaises intentions. Il n'est pas attaché
à ce sens de pratique de sorcellerie. Cette désignation actuelle vise toute
personne emplie de mauvaise intention, de perfidie.
Toutefois, cette même appellation, dans notre modernisme de pensée, peut désigner
également les personnes accusatrices dès lors que, d'une part, leur comportement
revêt le même habillage et, d'autre part, concourent à rassembler des adeptes
pour ajouter leurs voix à la sienne. Le monde moderne par les outils de communication
plus performants facilite ces rassemblements dont à la finalité, dans le mode
plutôt plaintif et sans construction particulière, juste peut-être déblatérer
et/ou se perdre davantage soi-même car, dans cette pratique, il est évincé la
remise en cause ou la réelle perception du " pourquoi j'en suis là ! ". La
voyance moderne n'échappe pas à la règle de préséance des accusations de sorcière,
avec un facteur majeur à prendre en considération, celui tiré des habitudes
de consommation où le concept est de trouver ce que l'on veut immédiatement
sans faire d'efforts personnels. Cette donnée conduit au final à produire un
plus grand et plus long égarement individuel favorisé par les grands et longs
applaudissements de groupe.
Dans quelle catégorie se classer ? Celle de la réalité, la sienne. Mais, comme
le dit la parabole évangélique : il y a peu d'élus qui tendent à la trouver
!
Infatués de nous-mêmes prétendant à ce que nous ne sommes pas en réalité, nous
pensons avoir évolué, progressé mais en fait, la chasse aux sorcière existe
encore et les bûchers publics sous une forme littéraire continuent de brûler...et
sous nos colères d'insatisfactions nous sommes prêts à
alimenter les bûchers ou les allumer.